Nous revoilà pour la suite de cette série de publications sur notre voyage en Inde. Dans l’article précédent, nous vous avions donné quelques clés et quelques conseils d’après notre expérience en Inde du Nord (juste ici). Dans cet article, nous voulons aborder avec vous la question de la sécurité pour une femme seule en Inde. Nous pensions consacrer à ce thème qu’un petit chapitre dans l’article précédent, mais finalement nous l’avons étoffé pour en faire une publication à part entière. Et comme nous étions constamment deux, nous vous proposons également le témoignage de notre amie Morgane, qui est partie seule pour cinq mois d’aventures et de rencontres en Inde.
Eh oui, c’est dommage, mais à chaque fois que l’on croise d’autres filles qui apprennent que nous sommes allées en Inde, la même question revient. « Ça va, c’était pas trop dangereux en tant que filles ? ». Beaucoup de femmes qui ont pourtant l’habitude de voyager seules dans d’autres pays, hésitent un peu à aller en Inde. Nous aussi, on nous avait mises en garde avant de partir… Et pourtant, vous n’imaginez pas le nombre de voyageuses solitaires que nous avons rencontrées !
Ici, il est surtout question de bon sens et de vigilance. Nous n’avons jamais été embêtées et nous ne nous sommes jamais senties en insécurité. On vous parlait des selfies dans l’article précédent. C’est vrai que l’insistance des jeunes Indiens peut devenir assez agaçante, mais pour nous ce n’est jamais allé plus loin que quelques photos. Il suffit souvent de leur faire comprendre clairement que vous en avez marre pour qu’ils arrêtent. Ne soyez pas agressive et ne semblez pas apeurée, juste sûre de vous et on ne vous embêtera pas.
Parmi les bons conseils que nous pouvons vous donner, il y a bien sûr celui de la tenue vestimentaire. On privilégie les vêtements qui couvrent les épaules et qui descendent sous le genou. Et on prévoit un châle pour les temples et les mosquées. À part dans quelques villages de bord de mer touristiques, on évite les shorts très courts et les débardeurs. Bien que ce conseil soit plus de l’ordre de la bienséance et de l’adaptation à une autre culture que la vôtre, il vous évitera des ennuis et des gestes déplacés. Pour les transports, n’hésitez pas à commander un Uber quand vous êtes dans une grande ville, ça évitera aussi de se faire avoir sur le prix, et vous serez sûre d’arriver à bon port. Et pour le métro aux heures de pointes, on a vraiment apprécié les wagons réservés aux femmes et enfants.
Nous nous sommes surtout rendues compte que les hommes indiens avaient du mal à cerner les femmes occidentales et avaient parfois tendance à confondre amitié homme-femme avec ouverture sexuelle libertine. Soyez sociable et ouverte sans être naïve. En Inde, on apprend vite à cerner les gens de confiance et ceux qui cherchent à nous arnaquer.
Place au témoignage de Morgane
Avant de partir pour cette aventure de 5 mois sur les routes indiennes on s’est un peu inquiété pour moi : « Es-tu certaine que ce soit une bonne idée ? Tu sais, une femme seule en Inde c’est dangereux. » et puis « Si tu tombes malade qui pourra prendre soin de toi ? » et encore « Ce serait mieux que tu partes avec un.e ami.e, tu vas te sentir très seule sinon.« . Toutes ces recommandations toutes bienveillantes quelles soient, ont renforcé mon envie de tenter l’aventure.
Et au final, je me suis rarement retrouvée « seule ». Car le fait d’avoir une place libre à côté de soi au restaurant, dans le bus, sur le banc du square attirait toujours un.e curieux.se qui ensuite parfois devenait un.e ami.e. C’est comme cela que j’ai rencontré Pema dans une jeep. Elle m’a ensuite invitée à passer une semaine dans sa maison au Sikkim avec sa famille.
Dans une cabane à Chai je me suis liée d’amitié avec Sadam qui ensuite m’a ouvert la porte de nombreux ateliers d’artisans.
Dans une auberge de jeunesse pendant toute une nuit, j’ai écouté les histoires et les combats d’Anishi. Pour rencontrer des personnes venues de d’autres pays, pour voyager à travers les mots, pour savoir comment c’est d’être une femme ailleurs, Anishi parfois dort quelques nuits dans l’auberge de sa ville où s’arrêtent le soir des voyageurs.
J’ai fait tant de rencontres qui pas à pas ont construit ma route et l’histoire de mon voyage. Parfois il est difficile de laisser derrière soi des amitiés à peine nées et de reprendre seule la route, mais ça fait partie de l’aventure et l’inconnu devant soi est si excitant.
Comme l’ont écrit Chloé et Louna, il faut toujours garder sa vigilance. Plusieurs fois j’ai réalisé que des hommes me suivaient. L’Inde est un pays tellement peuplé qu’il est rare de se retrouver seule dans une rue, mais en parlant fort et en étant ferme, la personne prend peur et s’en va.
Beaucoup de monde vous recommanderont sûrement de ne pas vous aventurer seule en Inde la nuit. Il est vrai que dans certaines villes je ne le conseillerais pas non plus. Mais dans les villes plus touristiques et en restant dans les rues fréquentées il est quand même bien chouette de s’y balader de nuit.
J’ai plusieurs fois utilisé le site Couchsurfing et je conseille aux voyageuses de demander à être hébergées chez des femmes car malheureusement beaucoup d’hommes en Inde utilisent la plateforme pour d’autres fins qu’un simple échange amical.
Il y a aussi, concernant la nourriture, avant de partir un tas de recommandations de la part des médecins et alors on se demande : « Mais qu’est-ce qu’il est encore possible de manger ? « . La tentation dans les rues est bien trop grande devant tous ces petits stands ambulants. Je conseillerais au tout début de se contenter des restaurants un peu plus haut de gamme puis petit à petit, car il serait bien trop dommage de s’en priver, de tenter la restauration de rue en allant toujours dans des lieux bien fréquentés (grand indicateur de qualité selon les Indien.ne.s).
J’ai aussi appris en observant et en fréquentant des Indien.ne.s à adopter leurs mœurs : traverser la rue, manger avec sa main droite, connaître le réel prix, détecter les rabatteurs et les arnaques, comprendre les petits codes des hochements de tête, des mots hindi de la vie quotidienne, etc. On apprend de ses erreurs et demander est, je pense, la meilleure manière de savoir pour la suite.
Voyager seule en Inde demande beaucoup d’énergie car il faut sans cesse garder ses sens éveillés. Il est alors important lorsque l’on se sent un peu fatiguée de s’écouter et de trouver si possible un endroit un peu tranquille pour reprendre des forces. Sur ma route plusieurs fois je me suis arrêtée dans des villages pour des volontariats. Ces moments ont été très ressourçant pour moi. J’ai alors pu m’investir dans des projets qui me tenaient à cœur, construire des relations plus profondes et le temps de quelques semaines jouir d’une vie de sédentaire.
Louna et Chloé on mentionné beaucoup de points que je confirme. Je serais heureuse de répondre à toutes questions de voyageur.se qui voudrait partir pour cette si belle aventure.
Bon vent !
Morgane
Merci Morgane pour son témoignage et ses photos, si vous voulez la contacter, n’hésitez pas à lui envoyer un mail : lozahic.m@gmail.com
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